Originaire de Vancouver, Nelson Skalbania a à
la base une formation en génie civil. À partir de 1964, il fut d’ailleurs
partenaire dans une firme. Ce domaine le mena vers l’immobilier, où il se monta
une fortune colossale en peu de temps. De 1971 à 1981, il réalisa plus de 1000
transactions (pour en moyenne 500 millions $ par année) pour entre autres des
tours à bureaux, des centres commerciaux et des hôtels. Mais l’immobilier
n’était pas le seul domaine où il enfilait les transactions les unes après les
autres. Il avait aussi une passion pour le sport, bien que le secteur lui
réussissait moins bien.
En 1976, il acheta les Oilers d’Edmonton (alors
dans l’AMH) du Dr. Charles Allard pour la somme de 300 000$. À l’automne de la
même année, étant un peu déçu du rendement que lui apportait son investissement,
il décida de se trouver un partenaire, quelqu’un avec qui il avait déjà fait des
affaires, Peter Pocklington. C’est alors que ce dernier mangeait au restaurant
avec sa femme Eva que Skalbania lui en fit la proposition. Le tout se régla
rapidement. Pocklington échangea une Rolls-Royce Phantom (ayant apparue dans le
film « The Great Gadsby »), une toile de Maurice Utrillo et la bague à diamant
que portait ce soir-là Eva (les trois items ayant une valeur d’environ 700 000$
selon Pocklington) contre la moitié des Oilers et la moitié de leurs dettes de
1,6 millions $.
En 1977, il dirigea des pourparlers avec la LNH
au sujet d’une fusion avec l’AMH. Voyant que le dossier ne se réaliserait pas,
il vendit sa moitié restante des Oilers à Pocklington.
Il revint toutefois à la charge en achetant les
Racers d’Indianapolis, toujours de l’AMH. Pour revitaliser l’équipe en grande
difficulté, il décida de signer le jeune prodige des Greyhounds de
Sault-Ste-Marie de la OHL, Wayne Gretzky. À 17 ans, ce dernier n’était pas
encore éligible au repêchage de la LNH, scrupule que n’avait pas l’AMH.
Il l’invita avec ses parents à son superbe
manoir de Vancouver, où il le convainquit de signer un contrat non pas avec les
Racers, mais avec Skalbania personnellement. Le contrat avait deux options : 4
ans pour 1,125 millions ou 7 ans pour 1,75 millions. Mais Gretzky ne suffit pas
à ressusciter les Racers. Il n’y jouera que 8 matchs, avant que Skalbania ne le
vende à Pocklington (avec Ed Mio et Peter Driscoll) pour 700 000$. Ceci ne se
fit toutefois pas avant d’avoir offert à Michael Gobuty, propriétaire des Jets,
de jouer le contrat de Gretzky au backgammon, alors que Gretzky était déjà dans
l’avion. L’argent permit aux Racers de survivre quelque temps, mais après 25
matchs, l’équipe cessa ses activités.
En 1980, il acheta les Bruins de New
Westminster de la WHL, qu’il revendit après un an à Pocklington, pour les
déménager à Kamloops. Il acheta aussi (avec d’autres investisseurs) les Flames
d’Atlanta pour 16 millions $ (un record à ce moment-là, surtout que l’équipe
était très loin d’être rentable), qu’il déménagea à Calgary. Ses partenaires le
rachetèrent un an plus tard.
En 1981, ce fut au tour du soccer, en acquérant
les Rogues de Memphis de le NASL, qu’il déménagea à Calgary également. Les
Boomers (leur nouveau nom) ne durèrent qu’un an et disparurent.
Cette même année, il acheta les Alouettes de
Sam Berger. C’est ce dernier qui détenait l’équipe pendant la période glorieuse
des années 1970. Il décida alors de garnir à grands frais son alignement de
joueurs de premier plan de la NFL comme James Scott, Billy « White Shoes »
Johnson et surtout Vince Ferragamo, le quart qui venait de mener les Rams à la
finale du Super Bowl. Il y ajouta des choix de première ronde de l’année comme
David Overstreet (premier choix des Dolphins) et Keith Gary (premier choix des
Steelers), en plus de déjà compter sur le tout premier choix de 1979, Tom
Cousineau, repêché par les Bills. Une tentative fut même faite avec George
Rogers, le tout premier choix du repêchage de 1981, qui signera finalement avec
les Saints.
Le tout coûta une fortune et les résultats
furent catastrophiques. L’équipe qui devait tout rafler sur son passage termina
la saison avec une fiche de 3-13. L’assistance chuta dramatiquement et l’équipe
fit faillite. Ferragamo, qui avait dû céder son poste de quart numéro un à Gerry
Dattilio avant la fin de la saison tellement il éprouvait des difficultés,
retourna promptement avec les Rams. Charles Bronfman, à ce moment propriétaire
des Expos, vint alors à la rescousse en démarrant une équipe (rebaptisée les
Concordes) sur les cendres des Alouettes.
En 1982, suite à ses déboires dans le monde du
sport, à l’importante récession qui sévissait, à la hausse des taux d’intérêt et
la crise dans le secteur immobilier qui en découla, Skalbania déclara
faillite.
Il tenta de se refaire, mais lorsque le marché
immobilier de Vancouver connut des difficultés au début des années 1990,
Skalbania fut bien sûr affecté. En 1996, il tenta de revenir dans le monde du
sport en achetant les Lions de la Colombie-Britannique, mais l’aventure ne dura
que six mois, avant d'avoir à remettre l’équipe à un syndic.
Il fut la même année condamné à un an de prison
(qu’il purgea chez lui, avec un moniteur à sa cheville) pour avoir volé 100 000$
à un partenaire potentiel (argent qu’il a remboursé, plus 4000$).
Il se consacre aujourd’hui à une entreprise du
Nouveau-Mexique, Solar Energy Ltd, tout en étant encore impliqué dans son
domaine de prédilection, l’immobilier. Il attire toutefois moins l'attention
qu'à une certaine époque…
Sources: Turbis, Pierre et Bruneau, Pierre, La
grande histoire des Alouettes de Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2007
"Collected Woes" de Paul Waldie, 26 novembre
2006 (theglobeandmail.com), oilersheritage.com, lessignets.com,
wikipedia.org
Initialement publié sur pucktavie.blogspot.com