Le monde du sport professionnel peut
difficilement être plus capitaliste. Les
sommes impliquées sont considérables.
Les négociations sont âpres et laissent peu de place aux sentiments. Pourtant, il y a des exceptions : les
équipes qui appartiennent à la communauté.
Encore aujourd’hui, il s’agit d’une structure
qu’on retrouve au football canadien et ce, pour des raisons historiques.
Au Canada, le football est devenu professionnel
bien après le hockey. À la base, il
s’agissait de clubs amateurs. (Les
ancêtres des Alouettes, les Winged Wheelers, voir texte du 7 novembre 2013,
étaient liés au club athlétique M.A.A.A., qui existe toujours d’ailleurs.) C’est lorsque les plus prospères de ces clubs
commencèrent à offrir toutes sortes de « cadeaux » aux meilleurs
joueurs qu’ils s’engagèrent graduellement vers le professionnalisme (de façon
discrète d’abord, puis officielle ensuite).
Actuellement, les Blue Bombers de Winnipeg, les
Roughriders de la Saskatchewan et les Eskimos d’Edmonton sont toujours détenus,
d’une manière ou d’une autre, par la communauté.
Par contre, lorsque l’équipe traverse des
difficultés financières, c’est plus compliqué.
Il n’y a pas de propriétaire(s) aux poches profondes pour essuyer les
pertes des années maigres. Dans les cas
où la communauté supporte parfaitement l’équipe, des solutions peuvent être
trouvées, comme les collectes de fonds qui ont déjà été organisées pour les
Roughriders de la Saskatchewan dans le passé.
Mais lorsque ça ne fonctionne pas, l’équipe doit être vendue pour ses dettes,
comme c’est arrivé en 1989 aux Lions de la Colombie-Britannique. Une situation semblable a eu lieu à Calgary
en 1991.
Par ailleurs, le fonctionnement actuel des
différentes ligues n’est pas favorable à ce modèle. Dans la NFL, les Packers de Green Bay sont
les seuls à fonctionner de cette manière.
Ils bénéficient ainsi d’une clause grand-père, puisque le circuit
Goodell ne le permet plus. De toute
façon, avec la valeur des équipes existantes et les frais d’expansion
considérables exigés pour les nouvelles franchises, amasser une telle somme
pour un groupe communautaire serait carrément impossible.
Et s’il reste des clubs détenus par la
communauté dans la division ouest de la LCF, il n’en reste plus dans
l’est. En plus des Alouettes, les
Argonauts sont devenus de propriété privée en 1956. À ce moment, le Argonaut Rowing Club a décidé
de vendre son club de football pour générer des fonds pour ses activités
d’aviron. C’est John Bassett, le futur
fondateur du réseau CTV, qui s’en porta acquéreur.
En 1960, le Big Four (ce qui est devenu la
division est de la LCF) a statué que ses équipes devaient être de propriété
privée. Il faut dire qu’à ce moment,
plusieurs clubs avaient des structures électives. De hauts dirigeants élus pour des mandats
courts, souvent d’un an, ne pouvaient apporter de la stabilité. Des discussions au niveau de la ligue
devaient souvent être reprises, étant donné l’arrivée de nouveaux
interlocuteurs.
Larry Highbaugh, des Eskimos |
Par contre, on retenta l’expérience de l’équipe
communautaire à Ottawa de 1987, alors que le propriétaire Allan Waters en fit
don à la communauté. En 1991, le groupe
dut vendre l’équipe pour ses dettes. À
Hamilton, on retenta le coup de 1992 à 1995.
Sources : “Kinsella’s
Corner“ de Jack Kinsella, Ottawa Citizen, 29 janvier 1960, p.15, 1er
février 1960, p.9, « Is American Football for the birds?” de Trent Frayne,
Ottawa Citizen, 27 août 1960, Magazine Section, ”$0.96 Investment Pays Big
Dividend », AP, Sarasota Herald –Tribune, 4 décembre 1964, p.31, “Waters
offers Rough Riders as a gift to community group” de Lynn McAuley et “Team
expected to become community-owned by Feb. 1st” de Tom Casey, 22
novembre 1986, Ottawa Citizen, « Cherishing the important things in your
life » de David Estok, 29 novembre 2014, Hamilton Spectator (thespec.com),
wikipedia.org.