Ayant souffert de la polio au cours de son
enfance, Bud Grant fut encouragé par son médecin à pratiquer des sports pour
développer ses jambes affaiblies. Il en
développa un véritable talent, lui qui joua plus tard autant au sein des équipes
de baseball, football et basketball de l’Université du Minnesota.
Son talent fut suffisamment remarqué pour être
repêché par les Lakers de de Minneapolis de la NBA (en quatrième ronde) et par
les Eagles de Philadelphie de la NFL (en première ronde).
Puisqu’il avait été choisi par l’équipe locale
et qu’il connaissait le directeur-gérant des Lakers, Grant préféra le
basketball. Joueur réserviste, il fut de
leur alignement pendant deux ans, faisant partie de l’équipe championne de
1950.
En 1951, il décida de se réorienter vers le
football et se dirigea vers Philadelphie.
Il demeure à ce jour le seul à avoir joué autant dans la NBA que la
NFL. Il joua d’abord une première saison
sur la ligne défensive (où il mena l’équipe pour les sacs) et une deuxième
comme receveur de passe.
Suite à une dispute salariale avec les Eagles, Grant
décida de retourner au centre du continent, mais au nord de la frontière cette
fois. Il accepta une offre des Blue
Bombers de Winnipeg, qui avait un œil sur lui depuis son passage universitaire.
Jouant autant sur la ligne offensive que comme
receveur de passe, il eut un succès immédiat. Il mena la section ouest en 1953 et en 1956
pour les verges gagnées par la passe, en plus de faire partie de l’équipe
d’étoiles à trois reprises. Le 28
octobre 1953, il réalisa cinq interceptions, ce qui constitue un record pour un
match de séries.
Alors que l’équipe cherchait un nouvel
entraîneur-chef pour la saison 1957, Grant postula sur le poste. Malgré un certain scepticisme, Grant
convainquit le président de l’équipe de lui donner sa chance. Il ne fut pas déçu.
Dès sa première saison, les Bombers compilèrent
une fiche de 12-4, en plus de se rendre à la finale de la Coupe Grey contre les
Tiger-Cats. Il s’en suivit une intense
rivalité entre Winnipeg et Hamilton au sommet de la ligue. De 1957 à 1965, les Bombers et le Ticats
s’affrontèrent six fois en finale de la Coupe Grey. Étonnamment, lorsque les deux équipes se
rendaient en finale, elles se rendaient ensemble. Elles y étaient ensemble ou pas du tout. Les Bombers remportèrent quatre de ses six
duels.
À partir de 1964, Grant occupa également le
poste de directeur-gérant. En 1965, il
remporta le Trophée Annis Stukus, comme entraîneur de l’année dans la LCF.
En 1961, Max Webster, le propriétaire des
nouveaux Vikings du Minnesota, avait tenté de convaincre Grant de prendre
charge de son équipe d’expansion, mais ce dernier avait refusé. Suite à la saison 1966, Grant avait
maintenant une fiche de 102-56-2 et quatre titres de la Coupe Grey à son actif.
Lorsque Webster rappliqua avec son
offre, il jugea qu’il était prêt pour un nouveau défi.
Une de ses premières tâches fut de se dénicher
un nouveau quart et pour ce faire, il regarda au nord de la frontière. Comme entraîneur des Bombers, il avait affronté
à de nombreuses reprises Joe Kapp. Le directeur-gérant
des Vikings, Jim Finks, avait déjà occupé le même poste chez les Stampeders de
Calgary et dans ce cadre, c’est lui qui avait embauché Kapp. Les deux se sont donc entendus sur leur
homme. Mais comme Kapp était sous
contrat avec les Lions de la Colombie-Britannique, il fallait trouver une
solution.
Les Vikings avaient dans leur alignement Jim Young (voir texte du 21 août 2013), qui voulait retourner au Canada et qui intéressait les Lions. Par contre, ses droits dans la LCF appartenaient… aux
Argonauts.
Les Lions durent donc échanger deux joueurs étoiles, Dick Fouts et Bill
Symons, aux Argonauts en retour des droits sur Young. Par la suite, Young fut "libéré"
par les Vikings et signa avec les Lions.
De l’autre côté, Kapp fut "libéré" par Lions et signa avec les
Vikings. D’une certaine façon, Young et
Kapp ont ainsi fait l’objet d’un "échange" entre les deux ligues.
Dès sa deuxième saison, Grant, à l’aide Kapp et de ses méthodes
disciplinées, mena les Vikings au titre de la division centrale de la NFL. Il s’agissait du premier de onze titres de
division au cours des treize années suivantes.
En 1969, les Vikings remportèrent le titre de la NFL, avant de s’incliner
devant les Chiefs de Kansas City au Super Bowl IV. (À ce moment, la NFL et l’AFL se disputaient
le Super Bowl, mais n’avaient pas officiellement fusionné.) Durant cette même année, Grant fut nommé l’entraîneur
de l’année.
Les Vikings de Grant effectuèrent trois autres présences au Super Bowl,
mais ils durent toutefois s’avouer vaincus à chaque occasion, contre Miami, Pittsburgh,
puis Oakland.
Grant demeura en poste jusqu’en 1983, puis revint pour la saison 1985. Au total, il cumula une fiche de 158-96-5.
En combinant sa fiche dans les deux ligues, son total de 260 victoires
le place au troisième rang, derrière Don Shula et George Halas.
Il fut intronisé au Temple de la Renommée du football canadien en 1983. En 1994, il reçut le même honneur du côté des
États-Unis. Par le fait même, il devint
le premier à être honoré des deux côtés de la frontière. (Il a depuis été rejoint par Warren Moon,
voir texte du 5 septembre 2012.)