jeudi 24 septembre 2015

Trevis Smith


Trevis Smith est originaire d’un état où le football universitaire est roi : l’Alabama.  C’est donc sans surprise qu’il choisit de revêtir l’uniforme du Crimson Tide de l’université de l’endroit.
 
En 1999, une fois son stage universitaire terminé, il prit le chemin du Canada pour s’aligner avec les Roughriders de la Saskatchewan.
 
Hors du terrain, Smith était un coéquipier respecté, qui semblait mener une vie rangée.  Il était marié et avait deux enfants.  Par contre, il prenait avantage de certains "bénéfices" d’être un Rider.
 
Les athlètes, tout comme les acteurs et les musiciens populaires, ont toujours eu un attrait avéré pour certaines femmes.  Dans le cas des Riders, le phénomène est amplifié par rapport aux autres équipes de la LCF, car ils sont la seule équipe professionnelle à Régina. (voir texte du 5 avril 2013)
 
Utilisant sa gentillesse et son amabilité, il noua des relations avec plusieurs femmes.  Certaines étaient à Régina, d’autres dans d’autres villes de la ligue.  Certaines étaient au courant pour sa femme, d’autres pensaient être sa vraie copine.
 
En 2004, une d’entre elles trouva un livre dans ses affaires à propos de comment vivre avec le VIH.  Elle le confronta.  Il nia.
 
Et puis en 2005, une rumeur se mit à courir à l’effet que Smith avait contracté le VIH.  Certaines d’entre elles le confrontèrent  à sujet.  Encore une fois, Smith nia tout et ils continuèrent d’avoir des relations non protégées.  Pourtant, il savait depuis 2003 qu’il était porteur.
 
Heureusement, aucune d’elles n’a été infectée.
 
Deux d’entre elles portèrent plainte.  Étonnamment, d’autres continuèrent de le soutenir, incluant son épouse.  Une d’elles fut même accusée de l’avoir aidé à briser une de ses conditions de remise en liberté.  Suite à un procès, Smith fut reconnu coupable en 2007 de deux chefs d’agression sexuelle et de bris de condition.  Il écopa de 5 ans et demi de prison.  Le verdict fut confirmé en appel.
 
Libéré en 2009, il fut déporté aux États-Unis.  De retour en Alabama, il devint entraîneur de football dans une école secondaire.  En 2012, lorsque l’institution apprit son histoire, il perdit son poste.
 
Sources : "Trevis Smith : anatomy of sexual assault" de Dawn Walton et Allan Maki, 25 février 2007, The Globe and Mail (theglobeandmail.com), wikipedia.org.

jeudi 17 septembre 2015

John Harvey


Avez-vous dit étoile filante?
 
En 1973, les Alouettes ont joué de chance.  Ils ont recruté le demi offensif John Harvey, après qu’il eut été rejeté par Winnipeg et la Saskatchewan.  Celui-ci jouait auparavant au Tyler Junior College, au Texas.  (Les "Junior Colleges" n’ont pas le statut d’université et ne décernent pas de baccalauréats.)  Harvey est donc passé sous les radars de plusieurs et joua pour un salaire à peine plus que le salaire minimum de la ligue.
 
Harvey ne tarda pas à s’illustrer.  Au sein d’une équipe moyenne (fiche de 7-6-1), il accumula 1024 verges au sol, pour une incroyable moyenne de 7,5.  Il capta aussi 32 passes (pour 377 verges), en plus de marquer 3 touchés.
 
Sa performance impressionna suffisamment pour lui valoir le titre de joueur le plus utile à son équipe dans la division est.  (Étonnamment, il ne remporta pas le titre de recrue de l’année.  C’est plutôt son coéquipier Johnny Rodgers (voir texte du 19 juillet 2013) qui remporta la palme.)  Il fut également nommé au sein de l’équipe d’étoiles de la ligue.  La NFL lui porta également de l’attention, puisqu’il fut repêché au 7e tour (158e au total) par les Rams de Los Angeles.
 
Par contre, se préparait au sud de la frontière le lancement d’une ligue qui désirait concurrencer la NFL, la World Football League (WFL).  Pour attirer des joueurs de calibre, la nouvelle ligue offrit des salaires supérieurs et Harvey ne put résister à l’offre de 55 000$ qu’il reçut des Southmen de Memphis.  Harvey ne passa donc qu’une seule saison à Montréal.
 
Harvey eut une bonne saison au Tennessee, avec 945 verges au sol, 21 passes pour 275 verges par la voie des airs, 5 touchés, en plus de lancer 3 passes (dont une pour un touché).  Les Southmen terminèrent l’année avec une fiche de 17-3 dans une ligue qui s’est par contre avérée très instable financièrement.
 
La saison 1975 de la WFL débuta avec 11 équipes (une de moins que l’année précédente et plusieurs autres qui prirent la place d’équipes en faillite).  Non seulement les Southmen faisaient partie des survivants mais en plus, ils tentèrent un grand coup.  Ils offrirent un pont d’or à trois joueurs des Dolphins de Miami, les champions du Super Bowl, pour les signer.  C’est ainsi que Larry Csonka, Jim Kiick et Paul Warfield se retrouvèrent dans l’uniforme des Southmen.  Csonka et Kiick étaient des amis de longue date et étaient reconnus pour leur habitude de faire la fête.  Csonka signa un contrat de 1,4 million pour 3 ans, une somme énorme selon les normes de l’époque, ce qui incita Harvey à maugréer et demander une augmentation.
 
Comme les vedettes Csonka et Kiick jouaient également dans le champ arrière, le temps de jeu de Harvey s’en trouva grandement diminué.  Il faut dire que le fait d’avoir été impliqué dans une histoire de trafic de drogue n’a sûrement pas aidé…  Il n’accumula que 137 verges au sol et 107 par la passe en 11 matchs.  Par contre, l’instabilité financière finit par avoir raison de la WFL, qui ferma les livres avant même la fin de la saison.
 
En 1976, les trois ex-joueurs de la NFL y retournèrent, mais pas avec les Dolphins.  Ils prirent chacun des chemins séparés.  Quant à Harvey, il retourna dans la LCF, mais avec les Argonauts de Toronto.  En 10 matchs, il fut plus utilisé pour capter des passes (458 verges, 5 touchés) que pour courir (68 verges).
 
En 1977, après avoir raté des entraînements et affiché son habituelle attitude désagréable, Harvey finit par exaspérer les Argos et fut libéré.  Il joua un dernier match avec Hamilton avant de clore sa carrière de footballeur, qui s’était annoncée pourtant si prometteuse à peine cinq ans plus tôt. 
 
Sources : ″Cahill, Rams draft Harvey but Larks’ offer looks best″ de Ian MacDonald, 6 février 1974, Montreal Gazette, p.35, ″WFL’s job simple: finish season and stay solvent″ de John Crittenden, 30 juin 1975, The Miami News, p.1C, ″Ex-Lark Harvey demands $100,000 from Memphis″ 3 juillet 1975, Montreal Gazette, p.39, ″Absence of Orr from WHA puts stress on Howe return″ de Brodie Snyder, 17 septembre 1975, Montreal Gazette, p.15, ″Argos fed up with Harvey″, Canadian Press, 10 juin 1977, The Ottawa Citizen, p.14, cflapedia.com, wikipedia.org.

mercredi 2 septembre 2015

Bernie Faloney


Le stage universitaire de Bernie Faloney l’a mené à l’Université du Maryland.  Suite à une victoire à l’Orange Bowl en 1954, il termina quatrième au scrutin pour le Trophée Heisman.  Au repêchage de la NFL, il fut choisi en première ronde, onzième au total, par les 49ers de San Francisco.
 
Les Niners lui firent une offre de contrat de 9000$, mais lorsque les Eskimos d’Edmonton lui en offrirent 12 500$ (alors que le dollar canadien valait plus que le dollar américain), Faloney décida de se diriger au nord de la frontière.
 
Dès sa première saison, comme quart substitut derrière Jackie Parker (voir texte du 16 février 2013), il aida les Eskimos à remporter la Coupe Grey.  Ce premier triomphe d’Edmonton passera surtout à l’histoire en raison du touché décisif de ce même Parker en toute fin de match, sur un retour de revirement, aux dépends des Alouettes. Par contre, son passage en Alberta fut de courte durée, puisqu’il dut retourner aux États-Unis pour faire son service militaire.
 
 
À son retour, en 1957, il signa pour une équipe de l’est, les Tiger-Cats d’Hamilton.  À partir de ce moment, les Ticats devinrent dominants dans l’est.  L’équipe se rendit en finale huit fois en neuf ans, remportant la Coupe Grey en 1957, 1963 et en 1965.  De son côté, Faloney, joueur intelligent et déterminé, fut nommé au sein de l’équipe d’étoiles de l’est à quatre reprises.
 
Toutefois, une partie de ses exploits à Hamilton faillirent ne pas se réaliser.  Faloney a été impliqué malgré lui dans une controverse.  Après la saison 1960, Montréal créa une véritable onde de choc en échangeant ses deux grandes vedettes, Sam Etcheverry (voir texte du 2 juillet 2013) et Hal Patterson (voir texte du 23 décembre 2013) aux Tiger-Cats.  En retour, ces derniers offrir Don Paquette et Faloney.  Il y avait toutefois un hic.  Etcheverry avait une clause de non-échange, qu’il invoqua aussitôt pour faire annuler son contrat.  Il prit donc le chemin de St-Louis  pour s’aligner avec les Cardinals de la NFL.  De son côté, Faloney demeura à Hamilton.  (L’échange Paquette-Patterson eut tout de même lieu.)  
 
Pendant que Faloney continuait de briller dans la ville de l’acier (il fut nommé meilleur joueur de la ligue en 1961), les Alouettes se cherchèrent un quart pendant plusieurs années, tout en ayant des résultats médiocres.  En janvier 1965, Montréal se résolut à revenir à sa solution initiale.  Dans un échange à huit joueurs (ce qui était à l’époque le plus important de la ligue), les Alouettes (re)firent l’acquisition de Faloney.
 
L’équipe n’a pas amélioré sa fiche en 1965 (5-9 vs 6-8 en 1964), mais Faloney a tout de même obtenu 2253 verges par la passe, été choisi au sein de l’équipe d’étoiles de l’est, en plus de remporter le Trophée Jeff-Russel (voir texte du 11 août 2013), en tant que joueur ayant démontré le plus de courage et d’esprit sportif.  Il a par contre été intercepté à 29 reprises, contre seulement 8 passes de touché.
Bernie Faloney, avec le casque ailé des Alouettes de l'époque 
 
La saison 1966 a été beaucoup plus décevante pour Faloney.  Avec seulement 2 passes de touchés, mais 11 interceptions, Faloney finit par perdre son poste de partant au profit de George Bork.  Malgré une attaque anémique, la défensive a tout de même permis à l’équipe de jouer pour une fiche de ,500 (7-7) pour la seule fois des années 1960.  
 
Il ne restait ainsi qu’une saison au contrat de Faloney et ce dernier avait déjà annoncé qu’il s’agirait de son dernier.  Sa fin de saison en queue de poisson incita alors les Alouettes à se départir de lui.  Ils l’envoyèrent donc aux Lions de la Colombie-Britannique, qui devait remplacer Joe Kapp, parti aux États-Unis.  En retour, Montréal obtint Mike Webster. (voir texte du 14 novembre 2013) 
 
À moyen terme, Webster rendit de fiers services aux Alouettes.  Par contre, à court terme, Faloney eut en 1967, sa dernière saison, son total le plus élevé de verges par la passe, avec 3303.  À Montréal, Bork n’a même pas terminé la saison.  Il a été libéré en octobre et remplacé par Carroll Williams, dans une saison qui s’est avéré la pire de l’histoire des Alouettes (2-12).
 
Suite à sa retraite, Faloney est demeuré dans la région d’Hamilton.  Il s’est ensuite consacré à son entreprise de vente d’équipements lourds pour la construction, en plus d’élever des chevaux.
 
Il a été élu au Temple de la renommée du football canadien en 1974.
 
Bernie Faloney est décédé en 1999, à l’âge de 66 ans, des suites d’un cancer colorectal.
 
Sources :
 
Turbis, Pierre et Bruneau, Pierre, La grande histoire des Alouettes de Montréal, Éditions de l’Homme, 2007, p.175 à 195,
 
″Rifle’s Signing Has Faloney in Awkward Spot″, Canadian Press, 14 janvier 1961, The Ottawa Citizen, p.9,

″Als Finally Get Bernie Faloney″ de Bob Scott, 6 janvier 1965, Montreal Gazette, p.25,

″Faloney, Alouettes come to agreement?″, Canadian Press, 26 mai 1965, Regina Leader-Post, p.31,

″Trade Looms Closer, Faloney Agrees To Go″ de Bob Scott, 16 juin 1967, Montreal Gazette, p.27,

″Als Get Webster For Faloney″, 17 juin 1967, Montreal Gazette, p.29,

″Bork, Lisbon, Doss, Parson Dropped by Als″ de Bob Scott, 2 octobre 1967, Montreal Gazette, p.29,

″Faloney legacy: It’s Rags to Riches″ de Deborah Weisberg, 14 juillet 1999, Pittsburgh Post-Gazette, p.W-11,

cflapedia.com, wikipedia.org.