jeudi 28 juillet 2016

Les équipes qui appartiennent à la communauté


Le monde du sport professionnel peut difficilement être plus capitaliste.  Les sommes impliquées sont considérables.  Les négociations sont âpres et laissent peu de place aux sentiments.  Pourtant, il y a des exceptions : les équipes qui appartiennent à la communauté.
 
Encore aujourd’hui, il s’agit d’une structure qu’on retrouve au football canadien et ce, pour des raisons historiques.
 
Au Canada, le football est devenu professionnel bien après le hockey.  À la base, il s’agissait de clubs amateurs.  (Les ancêtres des Alouettes, les Winged Wheelers, voir texte du 7 novembre 2013, étaient liés au club athlétique M.A.A.A., qui existe toujours d’ailleurs.)  C’est lorsque les plus prospères de ces clubs commencèrent à offrir toutes sortes de « cadeaux » aux meilleurs joueurs qu’ils s’engagèrent graduellement vers le professionnalisme (de façon discrète d’abord, puis officielle ensuite).  

Regina Football Club (1919)
 
Actuellement, les Blue Bombers de Winnipeg, les Roughriders de la Saskatchewan et les Eskimos d’Edmonton sont toujours détenus, d’une manière ou d’une autre, par la communauté.
 
Par contre, lorsque l’équipe traverse des difficultés financières, c’est plus compliqué.  Il n’y a pas de propriétaire(s) aux poches profondes pour essuyer les pertes des années maigres.  Dans les cas où la communauté supporte parfaitement l’équipe, des solutions peuvent être trouvées, comme les collectes de fonds qui ont déjà été organisées pour les Roughriders de la Saskatchewan dans le passé.  Mais lorsque ça ne fonctionne pas, l’équipe doit être vendue pour ses dettes, comme c’est arrivé en 1989 aux Lions de la Colombie-Britannique.  Une situation semblable a eu lieu à Calgary en 1991.
Ken Ploen, des Blue Bombers
 
Par ailleurs, le fonctionnement actuel des différentes ligues n’est pas favorable à ce modèle.  Dans la NFL, les Packers de Green Bay sont les seuls à fonctionner de cette manière.  Ils bénéficient ainsi d’une clause grand-père, puisque le circuit Goodell ne le permet plus.  De toute façon, avec la valeur des équipes existantes et les frais d’expansion considérables exigés pour les nouvelles franchises, amasser une telle somme pour un groupe communautaire serait carrément impossible.
 
Et s’il reste des clubs détenus par la communauté dans la division ouest de la LCF, il n’en reste plus dans l’est.  En plus des Alouettes, les Argonauts sont devenus de propriété privée en 1956.  À ce moment, le Argonaut Rowing Club a décidé de vendre son club de football pour générer des fonds pour ses activités d’aviron.  C’est John Bassett, le futur fondateur du réseau CTV, qui s’en porta acquéreur.
 
En 1960, le Big Four (ce qui est devenu la division est de la LCF) a statué que ses équipes devaient être de propriété privée.  Il faut dire qu’à ce moment, plusieurs clubs avaient des structures électives.  De hauts dirigeants élus pour des mandats courts, souvent d’un an, ne pouvaient apporter de la stabilité.  Des discussions au niveau de la ligue devaient souvent être reprises, étant donné l’arrivée de nouveaux interlocuteurs.
 
Larry Highbaugh, des Eskimos
Les Tiger-Cats d’Hamilton furent alors acheté par un groupe.  Quant aux Rough Riders d’Ottawa, ils furent vendus pour une somme symbolique à leurs huit directeurs.
 
Par contre, on retenta l’expérience de l’équipe communautaire à Ottawa de 1987, alors que le propriétaire Allan Waters en fit don à la communauté.  En 1991, le groupe dut vendre l’équipe pour ses dettes.  À Hamilton, on retenta le coup de 1992 à 1995.
 
Sources : “Kinsella’s Corner“ de Jack Kinsella, Ottawa Citizen, 29 janvier 1960, p.15, 1er février 1960, p.9, « Is American Football for the birds?” de Trent Frayne, Ottawa Citizen, 27 août 1960, Magazine Section, ”$0.96 Investment Pays Big Dividend », AP, Sarasota Herald –Tribune, 4 décembre 1964, p.31, “Waters offers Rough Riders as a gift to community group” de Lynn McAuley et “Team expected to become community-owned by Feb. 1st” de Tom Casey, 22 novembre 1986, Ottawa Citizen, « Cherishing the important things in your life » de David Estok, 29 novembre 2014, Hamilton Spectator (thespec.com), wikipedia.org.

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