Au début des années 1940, on retrouvait au sein de l’équipe de football
de UCLA Jackie Robinson, Kenny Washington et Woody Strode. Robinson fut en 1946 le premier noir à jouer
au baseball organisé avec les blancs, d’abord avec les Royaux de Montréal de la
Ligue Internationale, puis avec les Dodgers de Brooklyn de la Ligue Nationale.
Strode, quant à lui, revint de la guerre avant de devenir cette même
année, avec Washington, les premiers noirs depuis 1933 à jouer dans la NFL. Au même moment, Herb Trawick et John Moody
faisaient la même chose pour la LCF avec les Alouettes (voir texte du 19 décembre 2012). Il
faut dire que les Rams n’avaient pas vraiment eu le choix. Jusque-là basés à Cleveland, ils voulaient
déménager à Los Angeles. Par contre,
pour leur louer le Coliseum, les autorités locales avaient exigé qu’ils
embauchent des joueurs noirs. Les Rams
se tournèrent donc vers les deux anciennes gloires universitaires locales.
Pour Strode, l’expérience fut de courte durée et pénible. Autant lui que son épouse (d’origine
hawaïenne) furent constamment victimes d’abus verbal, principalement de la part
des partisans. (Sa femme en est même
venue aux coups à une occasion.) En
1947, il ne fit pas l’équipe. En 1948,
il tenta sa chance du côté des Dodgers de Brooklyn de l’AAFC (All-America
Football Conference), mais sans succès.
Il se tourna alors vers la LCF et les Stampeders de Calgary. Il se joignit ainsi à la seule équipe de
l’histoire de la ligue à afficher une fiche parfaite (12-0). Sa contribution importante lui valut une
nomination au sein de l’équipe d’étoiles.
Le tout culmina avec la première présence de l’histoire des Stampeders à
la finale de la Coupe Grey.
Enthousiastes, une forte délégation de partisans de Calgary débarquèrent
à Toronto et firent un grand déjeuner aux crêpes, une première qui est devenue
une tradition qui existe toujours. Les
partisans allèrent même jusqu’à faire entrer un cheval dans le lobby du chic
hôtel Royal York. C’est d’ailleurs
Strode qui le chevauchait. C’est ainsi
que furent créées, de manière spontanée et informelle, les premières festivités
de la Coupe Grey.
Sur le terrain, Strode contribua en recouvrant un échappé au quatrième
quart et en l’amenant jusqu’à la ligne de 11 verges. Ce jeu mena au touché qui s’avéra décisif,
dans une victoire des Stampeders 12-7 contre Ottawa.
Strode fut aussi élu au sein de l’équipe d’étoiles en 1949, mais une
blessure le força à prendre sa retraite du football. Il se dirigea alors vers le monde de la lutte
professionnelle, lui qui en avait déjà fait au début des années 1940. Il monta sur le ring jusqu’en 1960, mais à
partir de 1952, il combina cette occupation avec le cinéma.
En plus de faire des apparitions à la télévision, il eut l’occasion de
participer à de nombreux longs métrages, principalement des films d’action et
des westerns, où son physique avantageux pouvait être mis en évidence. En 1956, il prit part au tournage des ˮDix commandements.ˮ En 1960, ce sera "Spartacus" de Kubrick. Cette même année, il participa avec John Ford
à ˮSergeant Rutledge.ˮ Il développa alors
une amitié avec Ford, avec qui il travailla sur plusieurs films par la suite
comme ˮTwo Rode Togetherˮ et ˮThe Man Who Shot Liberty Valenceˮ. En 1966, il fit partie du grand succès ˮThe
Professionnalsˮ de Richard Brooks, avec Burt Lancaster.
Jugeant qu’il y avait peu de rôles intéressants pour un acteur noir du
côté des États-Unis, il prit à la fin des années 1960 le chemin de l’Italie, où
il tourna ˮBlack Jesusˮ, ˮIl était une fois dans l’Ouestˮ de Sergio Leone et
plusieurs autres Westerns Spaghettis.
Il revint plus tard tourner aux États-Unis, par exemple dans le Cotton
Club de Francis Ford Coppola, en 1984.
Actif jusqu’à la fin, il est décédé en 1994, à l’âge de 80 ans.
Sources : « Woody
Strode : Pioneer of ring, field and
screen” de Greg Oliver (slam.canoe.com), biography.com, cflapedia.com, wikipedia.org.
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