L’année
1935 marqua un tournant au football canadien à bien des égards. Clairement déclassées, les équipes
universitaires cessèrent d’abord d’aspirer à la Coupe Grey (chose qu’elles
pouvaient faire jusque là).
Parmi
les autres aspirants, il y avait les champions de niveau senior et bien sûr
ceux de l’Interprovincial Rugby Football Union, aussi connu sous le nom de « Big
Four » (aujourd’hui la division est de la LCF).
Il
y avait aussi ceux de l’ouest (Western Canada Rugby Football Union), mais jusque là, ils n’avaient pas représenté une
réelle menace. Jamais une équipe de l’ouest
n’avait mis la main sur la Coupe Grey.
Le club de Winnipeg (plus tard connu sous le nom de « Blue Bombers »)
décida alors de prendre les grands moyens pour remédier à la situation.
Déjà
quelques années auparavant, le club avait embauché comme joueur-entraîneur un
américain, Russ Rebholz. Ils décidèrent
alors de dépenser la somme de 7500$ pour attirer sept autres joueurs américains dans
leur équipe. Ils utilisèrent également
un autre argument de poids. En cette
période de grande dépression, ils promirent aussi un emploi aux joueurs en
question.
Russ Rebholz
Winnipeg
connut une saison sans défaite dans la conférence de l’ouest. Toutefois, peu habituées à des équipes de
qualité venant de l’ouest, celles de l’est demeurèrent sceptiques. (À noter qu’à cette époque, les équipes de l’ouest
et de l’est ne se rencontraient que pour les éliminatoires et se connaissaient
donc très peu.)
Une
fois rendu dans l’est pour le match de la Coupe Grey, Winnipeg joua un match
préparatoire contre une équipe collégiale, où son résultat fut peu
impressionnant. La nouvelle fut
rapportée, ce qui créa l’impression qu’encore une fois, l’équipe de l’ouest n’offrirait
pas une intense compétition. Ce qui n’était
toutefois pas connu est le fait que les joueurs avaient intentionnellement
changé de position pour brouiller les cartes.
Le
jour du match venu, Winnipeg battit les Tigers de Hamilton 18-12.
Plutôt
amer, l’est exigea que pour jouer à la Coupe Grey, un joueur ait habité au Canada
depuis au moins un an. De plus, le
nombre de joueurs américains fut limité à cinq.
Comme
ces derniers étaient pratiquement toujours des professionnels, il s’agissait donc d’une
reconnaissance officielle du professionnalisme, un autre tournant
important. Jusque là, le phénomène
existait (des joueurs pouvaient recevoir des montants d’argent ou des « cadeaux »),
mais pas formellement, ni officiellement.
Ne
voulant pas se conformer aux nouvelles règles qui leur auraient demandé de
laisser derrière certains de leurs joueurs américains, les champions de l’ouest de 1936,
les Roughriders de Régina refusèrent de disputer la Coupe Grey. Le match opposa donc les champions du "Big Four"
(les Rough Riders d’Ottawa) aux champions seniors (les Imperials de
Sarnia). Sarnia l’emporta
26-20.
Source : Currie,
Gordon, 100 Years of Canadian Football, Pagurian Press, 1968, p.94-98.
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