Parfois, les étoiles semblent
parfaitement alignées. On s’attend à un
résultat extraordinaire et puis… tout déraille.
Art Schlichter semblait avoir
tout pour lui. Extrêmement talentueux, bras
puissant, très intelligent, il s’illustra comme quart-arrière des Buckeyes
d’Ohio State, son état natal. Sérieux
aspirant au Trophée Heisman, il fut choisi quatrième au total du repêchage de
la NFL 1982 par les Colts de Baltimore, tout juste devant Jim McMahon, des
Bears. Il reçut un bonus à la signature
de 350 000$, qu’il alla brûler entièrement au jeu, en pariant sur divers
événements, incluant des matchs de la NFL (mais pas de match des Colts). Au cours de la saison, il se retrouva avec
des dettes de plus de 700 000$.
Au printemps 1983, il avait tellement
de dettes que ses preneurs au livre le menacèrent de le dénoncer (puisque la
NFL interdisait à ses joueurs de parier sur quoi que ce soit). Craignant qu’on le force à perdre des matchs,
il alla au FBI, qui posa des accusations contre eux. Il demanda également l’aide la ligue pour se
défaire de son problème. Il fut toutefois
suspendu pour la saison 1983.
Il revint en 1984, mais après quelques
matchs en 1985, il fut libéré par les Colts.
En trois saisons, il ne joua que treize parties, avec des résultats très
mitigés. Ses paris l’obsédaient
complètement, même sur le terrain, et accaparaient son attention. Il tenta un retour en 1986, avec les Bills de
Buffalo, mais il ne fit pas l’équipe.
En 1987, il fut arrêté pour son
implication dans une structure de paris illégaux de plusieurs millions de
dollars. Pete Rozelle, le commissaire de
la NFL refusa alors de le réintégrer dans sa ligue. Une autre demande fut faite en 1988, avec la
même réponse. Il se tourna alors vers la
LCF.
Les Rough Riders d’Ottawa venaient de
connaître deux horribles saisons de trois victoires chacune. Désespérés, ils tendirent une perche (et un
contrat de 100 000$) à Schlichter, qui venait tout juste de déclarer
faillite, dans l’espoir de le voir se réhabiliter et de les sortir du pétrin. Peine perdue.
Au mois d’octobre, il fut libéré, laissant derrière lui une équipe qui
ne récolta finalement que deux victoires et de nouveaux ennemis, floués.
Côté football, il parvint à jouer
trois saisons d’aréna football et ce, avec un certain succès. Il gagna au passage l’Arena Bowl avec Détroit
en 1990. Il quitta toutefois en 1992,
admettant qu’il avait fait une rechute avec son problème de jeu et devait s’en
occuper.
Après avoir travaillé comme animateur
d’une émission de radio, il déménagea en 1994 à Las Vegas. Cette même année, sa femme partit avec ses deux filles, après avoir
reçue à leur domicile la visite d’agents du FBI qui cherchaient à retracer de l’argent
qu’il avait volé.
Le reste ne fut qu’une suite de
stratagèmes pour obtenir de l’argent et parier.
Très charismatique, pratiquement tout son entourage y passa. Sa famille, sa belle-famille, des amis. Il fut accusé à de multiples reprises de vol,
de fraude et fabrication de faux. De
1995 à 2006, il passa l’équivalent de 10 ans dans 44 prisons différentes. En 2004, il fut mis en isolement après avoir
été pris à parier avec d’autres détenus.
Une fois libéré, il s’impliqua dans
une fondation pour mettre en garde contre les dangers du jeu, mais son retour
sur le droit chemin ne dura pas.
En mai 2012, il fut condamné à onze
ans de prison pour bris de conditions et fraude totalisant des millions de
dollars, en plus d’avoir été testé positif à la cocaïne. Toujours en utilisant son grand charisme, il
a prétendu à de nombreuses personnes qu’il pouvait leur procurer des billets d’événements
sportifs (incluant le Super Bowl) dans le seul but de leur soutirer de l’argent.
Une de ses victimes fut Anita Barney, la
veuve de l’ancien président de Wendy’s.
Après s’être fait délester de plus d’un million de dollars par son « ami »
Art, celle-ci est devenue sa complice, arrachant un demi-million de dollars à
ses amis et à ses employés.
Sources : “Art Schlichter: Bad bets and wasted talent, Gambling
Addiction leads quarterback to a cell” de Scott MacGregor, 2 juillet 2000, The
Cincinnati Enquirer (enquirer.com), “Art Schlichter sentenced to 11 years”, 4
mai 2012, Associated Press (espn.go.com), “Woman involved with Art Schlichter
pleads guilty to theft” de Kathy Lynn Gray, 2 juillet 2012, The Columbus
Dispatch (dispatch.com), wikipedia.org.
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