En 1968, Leon McQuay obtint, grâce à ses
habiletés athlétiques, une bourse de football de l’Université de Tampa. L’histoire n’était pas banale, parce que
cette université était jusque là soumise à la ségrégation raciale et que McQuay
devenait ainsi le premier noir à y accéder.
Il reçut au début de nombreuses lettres
d’insultes et de menaces, mais ses prouesses en tant que porteur de ballon
finirent par en taire quelques uns. Il
était de petite taille (5’9’’) mais possédait une vitesse impressionnante.
En 1971, il décida, plutôt que de compléter
ses études, de passer immédiatement professionnel, en signant avec les
Argonauts de Toronto. Son succès fut
immédiat. En 12 matchs, il amassa 977
verges, pour une moyenne de 7,1 par course.
Il fut nommé sur l’équipe d’étoiles de la ligue, en plus d’être le
finaliste de l’est au titre de meilleur joueur.
Au niveau de l’équipe, l’embauche de McQuay,
combinée à celle du quart Joe Theismann (voir texte du 22 décembre 2012), créa des attentes. Les Boatmen ne s’étaient pas rendus à la
finale de la Coupe Grey
depuis 19 ans, incluant plusieurs saisons de misère. Composée de personnalités colorées et
rebelles, l’équipe répondit à l’appel.
Elle montra une fiche de 10-4 et remporta la division est. Elle se rendit également à la finale de la Coupe Grey , pour affronter
les Stampeders de Calgary. De leur côté,
ils n’avaient pas gagné la Coupe depuis 1948 et avaient perdu la finale face
aux Alouettes, l’année précédente.
Le match, disputé à Vancouver, était la première finale à être disputée sur une surface artificielle. Les conditions étaient mauvaises, car il pleuvait abondamment. Ce fut donc, sans surprise, un match à bas pointage. De l’arrière 14-11 avec 1:52 à jouer au quatrième quart et installé au 11 des Stamps, Theismann remit le ballon à McQuay. Celui-ci glissa sur le terrain détrempé et le perdit. Les Argos eurent une autre chance de reprendre le ballon avant la fin du match, mais ils ne parvinrent pas plus à marquer. Toutefois, l’histoire a retenu que dans le moment le plus important, le joueur étoile des Argos avait trébuché. Les Torontois durent attendre une autre douzaine d’années avant de finalement mettre fin à leur disette et gagner la Coupe Grey.
L’année 1972 fut décente pour McQuay, mais
Theismann fut blessé et l’équipe termina avec une fiche de 3-11. Dans ce contexte, les personnalités de chacun
ressortirent, incluant McQuay, qui avait habitude d’être individualiste et peu
assidu aux entraînements. L’entraîneur
Leo Cahill fut congédié. En partant, il
souligna le rôle de McQuay dans les déboires de l’équipe en affirmant :
« Leon a glissé et je suis tombé. »
Son statut de grand coupable était ancré.
McQuay revint en 1973, mais il n’était plus le même joueur. Après un match, il fut échangé à Calgary, avec qui il n’en joua que deux autres.
Il tenta ensuite sa chance dans la NFL, où il
fut principalement utilisé comme retourneur de botté. Il passa 1974 avec les Giants, 1975 avec les
Patriots et 1976, dans un rôle assez limité, avec les Saints.
Il revint avec les Argos en 1977, avec qui il
joua sept matchs et accumula 307 verges.
Il tenta aussi sa chance dans la USFL en 1983, mais sans succès.
De retour dans sa Floride natale, il devint
mécanicien et étudia pour devenir pasteur.
Toutefois, il mourut en 1995, des suites d’un arrêt cardiaque.
Son petit-fils, Leon III, n’a peut-être pas
vraiment connu son grand-père, mais il ambitionne de suivre ses traces et il a été activement sollicité par plusieurs programmes universitaires de prestige. Maintenant qu'il a choisi USC, l’avenir nous dira s’il y parviendra.
Sources :
“Inspired by history” de Derek Tyson, 24 février 2012 (espn.go.com),
“Grey Cup : Leon McQuay’s fumble didn’t cost Argos ’71 title: Perkins” de
Dave Perkins, 21 novembre 2012, Toronto Star (thestar.com), cflapedia.com,
wikipedia.org.
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